Cambodge
Au carrefour de l'Inde et de la Chine bordé de frontières sur 3 cotés a cependant toujours possédé de nombreuses routes maritimes
Au nord la cordillère Ammanitique, au sud la plaine côtière du Vietnam ouvert sur le delta du Mékong. Au centre la plaine et ses grands lacs aux crues exceptionnelles. Le débordement du Mékong
crée alors un phénomène d'inversion du cours du fleuve.
C'est le site d'implantation des Khmers.
D’inspiration religieuse jusque dans ses réalisations utilitaires, l’art pré-angkorien et angkorien est essentiellement brahmanique . Alors peu attesté, le bouddhisme (Mahayana) s’impose momentanément avec le règne de Jayavarman VII (1181-env. 1218). À la fin du XIIIe siècle, l’adoption, définitive, du bouddhisme Theravada amènera un changement radical des traditions architecturales.
À partir de la tour-sanctuaire couverte d’étages plus ou moins nombreux , les Khmers ont composé dès les VIIe et VIIIe siècles des ensembles géométriquement ordonnés complexes, ceints de murs
concentriques et de fossés. Vers la fin du VIIIe siècle apparaîtraient les premiers sanctuaires édifiés sur pyramides à gradins. Ce type, dit temple-montagne, développé, enrichi de salles annexes puis de galeries caractérisera les fondations les plus importantes de la plupart des souverains angkoriens.
Moins fréquents, répondant à d’autres conceptions, mais aussi remarquables, sont les grands temples de plans axés édifiés en plaine ou à flanc de collines.
Les sanctuaires, d’abord édifiés en brique (liaisonnées avec un liant végétal leur assurant une exceptionnelle cohésion), n’utilisent le grès que pour les cadres de baies et les linteaux
décoratifs. À partir de la fin du IXe siècle, la construction en grès s’impose progressivement. Seules des conditions locales particulières ont conduit à utiliser la latérite ou à maintenir
l’usage de la brique aux XIe et XIIe siècles. Tombant en désuétude vers le XIVe siècle, la construction «classique» ne sera définitivement abandonnée qu’à la fin du XVIe siècle.
La plupart des idoles ont été exécutées en pierre (grès
surtout), mais le bronze a été aussi largement utilisé dès le VIIe siècle. Le bois semble avoir été réservé à certaines images du Bouddha (VIIIe s. et à partir du XIIIe s. env.). Les statues des
VIIe et VIIIe siècles, comptent souvent parmi les plus belles de tout l’art khmer. Vers les débuts du IXe siècle apparaissent les premières rondes-bosses intégrales.
Bronzes cultuels et orfèvrerie révèlent une très grande maîtrise technique et portent les qualités manifestées par le décor architectural à sa perfection (abouts de timons, crochets de litières,
conques pour eau lustrale, parures d’idoles, etc.).
La céramique (angkorienne) comporte des vases (terre souvent grésée) de formes très classiques (types «balustres») et, d’autres, d’un zoomorphisme d’une stylisation surprenante. Les principaux
fours connus ont été découverts vers les années 1980, au nord des Dang Rêk.
La peinture murale n’est représentée, pour la période angkorienne, que par l’ensemble de Prasat Neang Khmau (Xe s.). Aucune autre œuvre conservée ne semble antérieure à la fin du XIXe siècle.
Chronologie angkorienne
Style de Sambor (600 à 650)
Style de Prei Kmeng (2° moitié du 7° siècle)
Style de Prasat Andet
Style de Kompong Preah (706-800)
Style de Kulen (825-875)
Style de Roluos ou Preah Kô (875-893)
Style de Bakheng (889-925)
Style de Koh Ker (921-945)
Style de Pré Rup (947-965)
Style de Banteay Srei (967-1000)
Style des Khleang (968-1010)
Style des Baphuon (1010-1080)
Style d'Angkor Vat (1113-1177)
Style du Bayon (1181-milieu de 13° siècle)
La période pré-angkorienne (fin du VIe s.-fin du VIIIe s.)
Naissance d'une civilisation issue de la culture indienne attestée par l'épigraphie (stèle aux inscriptions gravées). Cohabitation des 2 grandes religions indiennes : Hindouisme et
Brahmanisme.
Les inscriptions sont en sanscrit ou en vieux kmer.
On ne connaît aucun édifice ou sculpture antérieur au début du VIIe siècle. La qualité des œuvres attribuables aux années 620-650 révèle par contre une indéniable maturité dans l’interprétation originale des modèles indiens. C’est à cette période qu’il convient d’attribuer la fondation d’Isanapura. Parfois de dimensions considérables, les sanctuaires sont édifiés en brique et couverts, comme dans les arts indianisés, par encorbellement. Comportant ou non une salle antérieure modeste, ménagée dans l’épaisseur de la maçonnerie, ils révèlent une certaine variété de plans: barlongs carrés, voire octogonaux et ils présentent deux types de toitures : une succession de faux étages peu nombreux rappelant sensiblement les dispositions du corps de l’édifice ou un étagement pyramidal de terrassons peu élevés.
Réservé aux sanctuaires les plus importants, seul le premier type inspirera les compositions ultérieures. Scandés de pilastres, les murs s’ornent souvent de palais «célestes», sculptés en bas
relief dans la brique, qui affirment l’identité, traditionnelle, du sanctuaire de la divinité avec sa demeure cosmique.
Quelques rares sanctuaires (parfois édifiés peut-être en matériaux légers) et certains mandapa , salle ouverte ou pavillon (Sambor Prei Kuk, monument 2 du groupe sud), enfermaient des cellules ou
des sortes de dais en pierre, très richement sculptés, construits par assemblages à tenons et mortaises (emprunts directs à la charpenterie : cf cours N° 1). Seuls deux sanctuaires en pierre
appareillée sont connus pour toute la période pré-angkorienne.
Unique dans l’art khmer, Asram Maha Rosei évoque l’art des Pallava et des Chalukya par ses dispositions et l’Indonésie par son mode de construction
Au VIIIe siècle, l’émiettement du
pouvoir qui semble résulter de la partition du Tchen La, paraît multiplier les activités religieuses et artistiques. Abondante, très inégale, la sculpture est souvent d’une médiocrité que
compense à peine son intérêt iconographique; mais elle peut aussi révéler des influences extérieures. Associant plus ou moins ces deux dernières tendances, l’art des métaux (bronze, argent) a
produit des œuvres d’une qualité exceptionnelle comme les grandes images mahayaniques du nord des Dang Rêk.
Il s'agit d'un centre religieux d'un royaume au centre de l'actuel Cambodge avec des inscriptions émanant du roi fondateur, grace auxquelles on a une vision précise de l'histoire kmer. Les monuments sont en brique jusqu'au 9° siècle avec des encadrements de porte en grés; les plans sont , au départ, assez variés (Tour sanctuaire du groupe sud)
On copie dans la pierre des éléments initialement en bois : arc ondulant craché par des mokeras crachant également de petits lions cornus d'ou dérivent des guirlandes, pendeloques, perles.
La stayuaire sensuelle présente peu de sculptures
Dans les derniéres phases de l'époque pré-angkorienne on reste proche du style de Sambor Prei Kuk mais l'arc des portes est droit et non plus ondulant. L'arc craché par les mokaras est remplacé par un "boudin" ou rouleau de feuillages s'enroulant en crosse aux extrémités et vers l'extérieur; sur ce modéle sera fondé toute la suite de l'art kmer.
La statuaire commence à montrer un durcissement des formes notamment à partir du 8° siécle à Prasat Andet
Vers 790, un personnage commence à unifier le territoire et en 802 se fera sacrer souverain universel et roi des rois.. Jayavarman II, premier roi angkorien, fondateur des institutionss royales établit un systéme politique et religieux qui tiendra jusqu'au milieu du XV siècle. Ce roi n'a pas fait de fondation architectural majeur.
Les monuments sont modestes, situés dans une zône difficle d'accés et donc d'entretien
La statuaire est en grand progrés sur l'époque précédente quant à son aspect visuel.
Aprés Jayerman III, fils du précédent, son petit fils Indravarman (en 877) monte sur le trône et fonde au sud-est d'Angkor trois structures qui garderont la marque des souverains successeurs :
Baray en 877
Chateau ou retenue d'eau de plan rectangulaire, en pente douce pour irriguer les canaux qui feront la propérité d'Angkor
Temple en 879
Temple montagne en 881
Montagne artificielle au sommet de laquelle se trouve la cella où l'on vénérait une forme de Shiva
Yasovarman succéde à Indrovarman. Il est le fondateur de Pnom-Bakheng , temple montagne. C'est une naturelle de 60 m de haut, avec au sommet une pyramide à gradins entouré de templions
A la mort de Yasovarman ses successeurs ne laissent pas de monumets importants, ceux-ci deviennent plutot l'oeuvre de dignitaires de haut rang qui les commanditent.
A Prasat Kravank 5 tours sanctuaires dont deux comportent des bas reliefs intérieurs (ce qui est exceptionel)
Aprés le changement symbolique des linteaux au 8° siécle (Voir style Prasat Andet) ce sont les colonettes qui se transforment , la section cylindrique devenant octogonale.
En 921 un grand feudataire fonde à Koh Ker un temple à Shiva qui se situe à prés de 100 kms d'Angkor. Ce feudataire : Jayavarman IVmontera sur le trône en 928, et y déplacera le siége du puvoir jusqu'en 944. L'architecture trés colossale du site à beaucoup souffert des intempéries .
En 944 Rajendravarman rétablit la capitale à Angkor et il y construit un baray et un temple d'Etat.
La derniére année de son régne est marquée; en 967, par la consécration de Banteay Srei (la citadelle des femmes). C'est le site le plus achevé pour son décor de tout les sites kmers.
Banteay Srei est un temple, entouré de douves qui représente l'océan, de petites dimensions (la porte de la cella fait 1,08 m de hauteur).
Dans le dernier quart du X° siécle est cosntruit, entre 980 et 1013, ce temple qui restera inachevé, ces tours-sanctuaires ne comportant aucune décoration
Le XI° siécle est caractérisé par le Baphuon actuellement en restauration à Angkor Thom, lieu géographique du dernier centre de la capitale de l'empire angkorien. C'est un dispositif de décors encore embryonnaire : petits panneaux narratifs sculptés sur les murs des édifices qui encouragera cet art narratif.
Suryavarmon II (1113-1150) fonde Angkor Vat. C'est un temple montagne ouvert vers l'est puisque dedié à Vishnu; il a toujours été en activité comme un temple vishnouiste puis bouddhique ce qu'il est encore aujourd'hui. Ce monument religieux, le plus grand du monde avec une hauteur de 66 métres est un modéle d'équilibre architectural.
Vers 1150 période de crise qui culmine en 1177 par la prise d'Angkor par les Cham
En 1181 Jayavarman VII restaure l'éclat du Cambodge mis à sac par les Chams. Il éléve le bouddhisme mahayana au rang de religion d'Etat. Les formes architecturales ne trancheront pas sur les constructions des époques précédentes, mais les monuments présenteront de nombreux problémes de structure.
- Tours à visages où les visages ont deux fonctions : divinité gardienne des accés à la capitale et divinité bouddhique préservant la religion.
- Entrée d'Angkor Thom avec la balustrade des géants polycéphales
- Bayon : temple-montagne bouddhique
- Terreur des éléphants
- Fausses fenétres à balustre
- Taureau Nandin (longueur, 130 cm) de Tûol Kuhea (Palais royal, Phnom Penh)
- Buddha style Gupta de Sarnath (fin 6° s) Idéalisation des formes , stylisation et épuration.
- Statue de Krishna (avatar de Visnu) ou l'on note un début de différentiation avec l'art indien plus naturaliste et réaliste (Dans l'art khmer la sculpture de l'époque est uniquement en ronde bosse contrairement à l'art indien en haut relief).
- Statue de Durga (épouse de Shiva)
- Image mixte Shiva-Visnu en pierre
Les statues étaient vêtues, parées de bijoux et sans doute peintes.
L'évolution de l'art kmer se fera soit vers une transformation des éléments du décor, soit à certaines époques vers un changement radical des éléments retenus pour les décors.
La période angkorienne (début du IXe s.-fin du XIVe s. ou début du XVe s.)
L'unification du royaume débute au 9° siècle, et jusqu'au 15° siècle l'empire kmer fondé en 802 avec le sacre de Jayavarman est une puissance
dominante de la région
L’art de la première moitié du XIe siècle marque la
transition de l’art pré-angkorien à l’art angkorien. Elaborée progressivement, marquée d’hésitations dans ses choix architecturaux , la formule que retiendra l’art angkorien s’impose à Prasat
Thma Dap, le plus tardif du groupe. La statuaire (idoles de Visnu), peu à peu libérée des traditions antérieures, annonce la ronde-bosse intégrale, l’esthétique et les ajustements du règne
d’Indravarman (877-889).
D’importantes innovations caractérisent l’art d’Indravarman qui, tout en possédant ses caractères propres, ne doit pas moins être considéré comme l’archétype, en tous domaines,
de l’art angkorien.
Temple «aux ancêtres», Prah Kô (879) révèle dans ses 6 sanctuaires une richesse décorative sans précédent (linteaux, fausses portes, enduits stuqués exceptionnels, très ruinés aujourd’hui).
Bàkong (881), avec sa pyramide à gradins, est le premier de ces temples-montagnes si caractéristiques de l’art angkorien.
La statuaire, authentique ronde-bosse libérée de ses derniers étais, se signale par les premiers groupes et les premières grandes figures en mouvement (Bàkong: Siva encadré d’Uma et de Ganga,
Garuya «arrêtant» les Naga des chaussées).
En 921, Jayavarman IV fonde à Koh Ker le Prasat Thom et s’inspire de traditions architecturales de l’Inde dravidienne: sanctuaires de dimensions modestes précédés de gopura , porte monumentale d’une ville ou d’un temple, et d’édifices annexes croissant progressivement vers l’extérieur. Le même gigantisme caractérisera le Prang, pyramide avec sanctuaire unique (inachevés), édifié à la suite de Prasat Thom sans doute, après que Koh Ker eut été élevé au rang de capitale (927). Jusqu’à la «restauration» d’Angkor, le site s’enrichira de nombreux monuments, souvent fort vastes, et d’une statuaire, parfois colossale, d’une exceptionnelle diversité (thèmes iconographiques, groupes statiques ou dynamiques: à Prasat Thom en particulier) qui, quoique parfois victime de l’audace technique des sculpteurs, est peut-être la plus originale de tout l’art khmer.
En regagnant Angkor, Rajendravarman (944-968) affirme par son programme architectural la continuité angkorienne et la validité de son pouvoir.
L’art de Jayavarman V (968-1001) ne bénéficie guère de la leçon qu’en matière de construction. Il en va de même pour Prasat Tà Kèv, œuvre inachevée de Jayavaravarman (1002-apr. 1006), premier
temple-montagne doté d’une galerie pourtournante au premier étage (couverte de tuiles ou de briques?) et entièrement construit en grès. Les galeries couvertes d’une voûte de pierre et les grands
mandapa à triple nef et piliers intérieurs sont des créations du règne de Saryavarman Ier (1002-env 1050). On lui doit aussi de remarquables compositions axées.
La statuaire contemporaine (style de Bàphuon) impose l’esthétique et les ajustements conservés durant tout le XIe siècle. Avec trois galeries pourtournantes, le Bàphuon, fondé par
Udayadityavarman II (1050-1066), marquerait un nouveau progrès du temple-montagne si la hardiesse de sa construction n’avait causé sa ruine par éboulements.
À la suite de la prise d’Angkor par les Chams (1177), Jayavarman VII recrée la puissance angkorienne en la fondant sur le bouddhisme (Mahayana) dont la cosmologie inspire le symbolisme et les
dispositions des grandes fondations (Angkor Thom, Prah Khan, etc.). L’architecture et la sculpture du style du Bàyon rompent avec quatre siècles d’évolution stylistique et marquent la fin
surprenante et grandiose, de l’art angkorien. Bien avant que les rois khmers ne quittent Angkor, peut-être dès 1371-1373, la construction traditionnelle est presque abandonnée, en partie par
suite de l’adoption du bouddhisme Theravada et de son architecture.
La période post-angkorienne (XVe s.-fin du XIXe s.)
L’art d’Ayuthya ne s’imposant que lentement, les traditions khmères survivent en partie (bois sculptés surtout) du fait de la transformation d’Angkor Vat en métropole bouddhique et du retour
éphémère des rois khmers dans Angkor à la fin du XVIe siècle. Ce n’est qu’à partir du XVIIe siècle que les influences «siamoises», voire laotiennes, deviendront de plus en plus
sensibles.
source
http://www.atthalin.fr/louvre/histoire_art/inde_extreme_orient/inde_extreme_orient6.html