La fête de Kathin
Le Cambodge est actuellement en train de célébrer la Fête de Kathin qui tombe, cette année, du 24 octobre au 21 novembre.
Le terme “ Kathin”, tiré du Pali signifie les pièces d’étoffe, ou Chivara, vêtements monastiques, qu’offrent les fidèles aux moines qui s’abstiennent de ne pas quitter la paroisse pendant trois mois.
Chaque année, quinze jours après la fête de Pchum Ben (Fête des morts) succède la période de Kathin qui dure un mois, du premier jour de la lune décroissante d’Assoch au quinzième jour de la pleine lune de Kattik. Durant cet intervalle de trente jours, les Cambodgiens ont l’habitude de célébrer le Kathin organisé par le ou les chefs de familles estimées avec des amis et de leurs connaissances pour pouvoir accumuler de nombreux dons soit en natures, soit en espèces à des fins de cette fête de la fin de la saison des pluies.
Cette coutume de solidarité est connue partout au Cambodge depuis l’arrivée du Bouddhisme dans la partie sud de Sovarna-bhumi (terre de l’or) qu’était le Royaume de Founan, au 3ème siècle de l’ère chrétienne. Cette tradition de Kathin était, dit-on, instituée par le Bienheureux lui-même, car, depuis le temps de Bouddha, tous les religieux habillés de leurs Chivara, souillés de boue ou tombés en lambeau se tenaient demander l’aumône le long des routes détrempées pendant la saison des pluies. Du fait de ces vêtements délabrés dus au temps, surtout l’unique vêtement que possède chaque religieux, le mois d’octobre et de novembre est le plus significatif pour les citoyens aussi bien que pour les gens de léguer leurs dons en Chivara, auxquels s’ajoutent des divers assortiments tels ceux de sébiles, de chaires à prêcher, des vaisselles, des chasse-mouches, des nattes, de moustiquaires, des parapluies, des bols à aumône, surtout des nécessaires pour la vie monastique,…
S’il s’agit de Kathin, cela ne demande que la part de nombreuses personnes, soit les parentés d’une famille, soit la contribution des passants à l’organisateur qui n’a que l’initiative, mais il ne peut fêter le Kathin qui y pourvoir par lui seul, le Kathin est donc une fête en commun, fête de solidarité des gens de toutes les couches sociales. De l’antan à nos jours, les Cambodgiens connaissent, même un tant soit peu, le Dharma que prêche le Bienheureux. En tout état de cause, ils n’aiment que la générosité, la chasteté et bien sûr l’amour d’autrui; de cette raison, ils escomptent que leurs bénédictions leur donnent le bonheur et la sécurité personnelle. Voici quelques stances qui expriment la bonne voie à laquelle s’en tiennent par-cœur les Cambodgiens: “ Mieux vaut vivre un seul jour sage et bienfaisant que de vivre cent ans, sans sagesse et irréfléchi, mieux vaut vivre un seul jour en déployant une énergie intense que de vivre cent ans indolent et mieux vaut vivre un seul jour en voyant le chemin de la prospérité et de la paix que de vivre cent ans sans voir la loi du pays”. Chaque pagode est l’objet, dans l’année, d’un seul Kathin; il est impossible qu’une pagode en reçoive deux; et le moratoire de cette fête ne s’étend qu’un mois.
Etant donné que le Kathin s’est pris à une famille organisatrice, celle-ci s’affaire à agrémenter les ports d’entrée de son enclos de guirlandes de fleurs et de plantes décoratives, de tentures, et de tradition, une musique de Pin Peat accompagne la fête, un orateur, surtout un devin religieux grandiloquent, l’Achar, annonce aux passants, accompagné du timbre de timbale, le contenu et le but de Kathin qui sera, en quelques jours, légué à une telle pagode qu’on a jadis choisie parmi celles dont la paroisse est pauvre, pour obtenir leurs contributions en espèces ou en natures. Le Kathin est fêté partout au Cambodge. La tradition veut que le religieux de tous couvents aient les vêtements monastiques neufs; mais de nos jours, outre les assortiments nécessaires des bonzes, on organise le Kathin, à des fins utilitaires à la vie sociale, dont la construction des bâtiments scolaires, et des infirmeries, … pour bien quêter des sous de la part du public.
Ainsi, le Kathin absorbe-t-il le nombre quasi-total des dispensateurs de don à des fins toujours positifs de l’institution du pays; car il s’est avéré que le religieux est sage; et le don qu’on lui confie est transformé toujours, tant soit peu, en réalisation concrète pour le besoin du public. --
Source
AKP